Atelier de Sociologie Narrative

Numa est mort.
Ce n’est plus l’heure du prélude, d’une annonce ou d’une introduction. Ce n’est plus l’heure de l’élan, tant de fois donné par Numa. Impossible ce jour de poursuivre la recherche d’une densité dans l’échange.
Et pourtant.
Numa aimait animer l’Atelier de ce site, d’un ton net, une brièveté teintée d’une certaine insolence. Pour casser les codes disait-il. Arrêter l’ethnocentrisme rampant.
On ne sait plus quoi faire. Et pourtant.
Le rhizome murardien – osons-le !- a fait son œuvre. Prendre pied sur des réalités multiples, du social à l’intime, sur une multiplicité de terrains et de théories, par de petits textes et des photographies, des chroniques ou des objets trouvés, des questions et des témoignages, des récits qui laissent venir « la parole » … autant dire à la première personne. Voilà le retour refoulé de la sociologie ! Ne pas craindre le « Je » disait-il, car il faut l’entendre comme une augmentation des forces atypiques de la vie, l’inattendu dans le social, encourageant à découvrir des intensités qui offrent des « figures en crise ».
Rhizome, encore, Numa reste l’inspiration d’une équipe qu’il pousse dans le dos, à travers lequel se fabriquent des questions, parfois en rafale ou en secousse - peu importe les personnes qui la composent-, toute voile ouverte sur des mondes à chaque fois différents.
Numa n’a jamais quitté sa famille d’origine, le CERFI (Centre d’études, de recherches et de formation institutionnelles) - tant la bousculade, il aime ! Tant l’effronterie lui plaît ! Tant il percevait les révolutions sensibles qui passent par ce branchement avec l’actuel, par-delà ou en deçà du social, avec un gros pif en avant, une allumette et un grattoir à la main, pour approcher ces petites lueurs imperceptibles. Des récits à la pelle. Comme ces titres émerveillés : « Peter Pan et le petit poucet » (Informations sociales, N°40, 1994). « Mémed le faucon », (Informations sociales, N°40, 1994). « La vieille dame, la question sociale et la politique », (Prévenir, 29, 1995). « La bave de l’escargot », (Les cahiers du changement social, N°1, 1997).

Les textes qui suivent témoignent du plaisir qu’il avait à raconter des histoires vraies, des vues et entendues, à la recherche constante des choses qui font lien entre nous. Ce « lien entre nous » fait que la narration devient sociologique. Une conscience aiguë des situations critiques.

Le Collectif de l’Atelier

Cher(e)s ami(e)s,

Narrateurs et narratrices, lecteurs et lectrices, laissez-moi vous dire à quel point je me réjouis de voir cette petite initiative de la sociologie narrative prendre cette place parmi les idées sociologiques, idée fragile, qui pourrait disparaitre facilement, qui le fera, sauf à trouver sans cesse des énergies nouvelles pour la faire vivre. De l’audace, toujours de l’audace, qu’avons-nous à perdre ? C’est nous-mêmes qui nous infligeons une censure permanente dont nous n’avons même plus conscience, tant elle imprègne chacun de nos actes de pensée.

Aussi, si m’en croyez,
Cueillez, cueillez
Votre jeunesse

Le nez en avant, le flair au ras du gazon et la tête dans les étoiles.

Vous verrez, j’y serai…

Numa
(N. Murard, canal historique)

Faire grand cas, une singulière proposition, 2023

Souvenirs de la maison d’arrêt : Fresnes, 1970, 2020

Proximité sociale et distance spatiale, 2019

Pour en finir avec la question de la théorie, 2018

Michel Verret, savant ami de la classe ouvrière, penseur agile, 2018

Avec Annick Madec et Jean-François Laé, Sociologie narrative : le pouvoir du récit, 2016, Sociologie et sociétés.

Présentation : déplacer les points de vue, 2016, Sociologie et sociétés.

Histoire d’un dessin, 2015